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portrait cosy jungle

Portrait d’artisane : cosy jungle

Le portrait d’artisane de Cosy Jungle est enfin disponible !

Moi qui impose cet exercice à toutes ces artisanes depuis plus de deux ans… Je me plie au jeu des questions/réponses à mon tour aujourd’hui pour vous 🙂

Voilà maintenant plus de deux ans que vous avez découvert sur le blog, les portraits de créatrices et d’artisanes qu’il me tient à cœur de vous faire découvrir. Ces femmes, artisanes françaises, ont littéralement de l’or entre les mains ! C’est le parti que j’ai pris pour mettre en avant leur talent

Vous m’en faites découvrir d’ailleurs certaines qui sont désormais dans ces pages. Je vous en remercie que cela soit via Instagram, Pinterest ou Linkedin j’ai toujours des pépites sous la main !

Faisons donc les présentations…

Quelle artisane se cache derrière Cosy Jungle et quel est son parcours : vous allez tout découvrir…

artisan d'art et packaging chez cosy jungle
Cosy Jungle en cours d’emballage d’une commande

Avant toute chose, je vais me présenter pour celles et ceux qui me découvrent :

Je m’appelle Candice, je suis artisane d’art depuis 2022 et je pratique le tissage depuis 2016. Je suis maman de deux bambins, et nous essayons avec mon époux d’en faire des citoyens de demain à la fois épanouis, respectueux et responsables d’eux, de leur environnement.

J’habite en Provence, dans une maison qui nous offre un luxe incroyable. Un immense jardin nous permet de faire cohabiter arbres fruitiers, potager, cabane pour les enfants et détente pour les grands. Notre petit paradis, qui a une grande influence sur ma vision de la vie, ma pratique du tissage et notre mode de vie.

tissage mural naturel par Cosy jungle
tissage mural naturel par Cosy jungle

Comment ai-je découvert cette fibre artistique en moi ? Comment s’est-elle révélée, me diriez-vous ?

Honnêtement, je pense que cela s’est débloqué un peu avant ma trentaine. Je suis une femme curieuse de nature. Cette curiosité qu’on me reprochait parfois s’est associée à ma naïveté naturelle et un goût pour la compréhension du monde.

Plus jeune, je me souviens que j’écrivais surtout, beaucoup. Je réécrivais des dialogues de Manon des sources sur son carnet. L’illustration et la photo m’intéressaient, je recouvrais le mur de ma chambre avec toutes les cartes postales que j’aimais (du sol au plafond). Mes parents nous laissaient la liberté d’imaginer notre chambre et nous participions à la peinture, à la dépose de lambris. Au croquis

Qu’est-ce que j’aimais les croquis de mon père : c’était comme si nous étions soudain devenus de savant architectes qui savaient que tout était possible. J’aimais beaucoup cette liberté qu’ils mettaient à notre disposition, cela se faisait très naturellement.

C’est ma mère qui m’a donné le goût de l’invention. De la récupération et surtout de l’adaptation. Elle aurait pu inventer le feu si elle avait vécu à cette période. Elle pouvait transformer n’importe quoi en une jolie attention, c’est un don ça.

Petite & adolescente, je me suis essayée au crochet sans grand succès, je préférais les peintures à numéros, c’est vous dire… J’étais plus réservée et les activités du centre aéré m’angoissaient plus qu’autre chose. Ma mère était la reine du papier mâché, on en a patouillé des journaux… Je dessinais beaucoup, je recopiais des styles, des genres, je lisais beaucoup de BD inspirée par ma grande sœur. C’est ainsi qu’une fois adulte et enceinte, la couture et le tricot se sont imposés car j’ai voulu réaliser pour mes enfants. Et là, il y a eu un cap.

dans l'atelier de cosy jungle
dans l’atelier de cosy jungle
©sagecommedesimages

Comment ai-je découverte cette formidable technique qu’est le tissage ? Bonne question.

Après la naissance de ma fille, j’ai donc eu une grande période couture-doudou-tricot-couverture. Surtout une période “je veux faire autre chose que de changer des couches, s’il vous plait, où est mon espace vital ? “

J’ai beaucoup culpabilisé en me disant que je ne pourrais pas être une de ces mères qui se satisfont de regarder grandir leur enfant en y dédiant toute leur vie… Et que oui, je voulais exister par moi-même, pour moi-même. Je n’aurais surement pas écris cela plus jeune, j’idéalisais le sujet. Je confirme aujourd’hui que c’est vital de pouvoir s’aérer le cerveau. On ne parle pas assez de ce sentiment aux jeunes mamans, c’est dommage. Mais j’ai tenu bon envers moi-même.

Mon Amoureux m’a offert pour mes 30 ans un métier à tisser et j’ai eu envie d’apprendre, d’en savoir plus ! J’ai ainsi pris des cours avec Julie Robert, designer textile, qui proposait des stages de tissages et tissages XXL. J’ai suivi également avec elle des stages de point noué, de punch needle : j’étais ravie de toutes ces découvertes autour de la laine et du fil.

C’est la 1ere fois que j’entrai plus en profondeur dans un univers et je m’y sentais bien. Alors j’ai persévéré mais, au départ, sans objectif particulier que celui de me régaler.

art textile par cosy jungle
art textile par cosy jungle

Qu’est-ce ce que je trouve de spécial dans le tissage ? Pourquoi cette technique m’a marquée plutôt qu’une autre ?

Le tissage, c’est tout un univers.

C’est ancestral. Je ne pratique pas le tissage de haute ou de basse lisse, mais le simple geste “dessus dessous” remonte à la nuit des temps.

On confectionnait des tissages 3 millénaires avant JC en Mésopotamie, rendez-vous compte. J’aime cette sensation de reproduire une technique qui traverse les âges…

J’aime le fait de tisser avec mes doigts, de sentir les matières, un peu comme en cuisine où la pâte prend vie à mesure qu’on la pétrie.

C’est un geste à la fois très simple et infini car la technique a peu évoluée depuis ce temps de la Mésopotamie. Elle reste la même : elle se complexifie si on veut créer des motifs etc. Mais en soi, pour faire un tissage c’est un fil dessus et un fil dessous un fil de trame. Et c’est tout.

Je suis fascinée face à la puissance incroyable de ce geste si simple qui propose au final, une infinie possibilité.

Je trouve cette technique extrêmement généreuse : on peut littéralement TOUT tisser, j’aime vraiment cet aspect là.

J’y vois une heureuse métaphore de la communauté des humains que nous sommes : à la fois multiple & unique. Harmonieuse dans notre diversité, qui ose les différences et les contrastes. Je tisse avec ces sujets là en tête. J’aime ces contrastes, ils se répondent et se complètent, dialoguent vraiment pour créer un tout unique. C’est un peu magique, comme dirait Freddie Mercury.

tête de lit tissage
tête de lit en tissage par Cosy Jungle

On peut se demander si c’était une évidence de me lancer dans ce domaine après le BAC par exemple. Mon parcours de vie n’est pas si simple.

Rien d’évident du tout car je suis autodidacte passionnée, déterminée et issue d’une famille où tout le monde est salarié.

Je n’imaginais même pas possible de lancer un “projet” pour moi seule. J’ai même regardé pour racheter mes années d’études après le bac, c’est pour dire combien j’imaginais mon avenir tout tracé avec une retraite bien tassée…

J’ai réalisé des études dans le domaine de ma passion première : la lecture, l’écriture, en somme le livre. Un DUT Métier du livre puis une Licence Édition en poche, passés à Aix-en-Provence, une ville magnifique. Cela m’a permis de me dire que je pouvais changer le monde avec les livres ! Je voulais ouvrir les yeux des adultes, émerveiller les enfants, diffuser ces connaissances ! Participer à un univers plus grand que moi, participer à la transmission de la Culture.

Suite à un bilan de compétence où on me voyait bien manager ou directrice de projet informatique. J’avais commencé à créer Cosy Jungle et je sentais que je pouvais faire plus.

J’ai réalisé que passer à côté de cette capacité d’expression et de créativité textile serait le plus grand regret de ma vie.

Je n’ai donc pas donné suite au Management, et j’ai créé ma marque.

Je voulais donner du sens à cette démarche et pas créer une énième marque de déco. Changer le monde, comme avec les livres, en montrant qu’un autre chemin était possible.

Créer mon entreprise m’a demandé des efforts incroyables de confiance en moi, de rigueur, d’assurance. Je crois même que je me suis lancée dans Cosy Jungle sans trop savoir vers où aller. Ce n’était pas une évidence et cela m’a d’ailleurs fait énormément peur au début.

Il n’y a pas d’école d’entreprenariat. Mais je savais que je voulais créer quelque chose, que je voulais m’exprimer et que je voulais partager. Je savais que grâce à ce troisième bébé, je pouvais aussi changer le monde. Par mes convictions, mon savoir-faire et mon savoir-être – même si je n’avais pas fait d’études supérieures dans ce domaine.

©sagecommedesimages

Mes inspirations ?

A la fois grande naïve et très réaliste, j’ai eu la chance de tomber dans l’univers onirique et fantastique grâce à mon père. Plus jeune, il nous a fait découvrir des films cultes comme Princess Bride, L’histoire sans fin ou encore Willow. Ma mère nous a apporté l’humour et l’absurde anglais avec les Monty Python par exemple : l’alliance des deux univers ont été le socle de mes inspirations.

J’aime donc beaucoup tout ce qui va surprendre, le petit détail qui va créer un sentiment étrange ou poétique, décalée…

J‘aime les contrastes, les complémentarités, les oppositions, l’absurde.

Plus jeune j’ai été impressionnée par les peintures de Georges de La Tour, un maitre du clair obscur. Aujourd’hui c’est plus la dextérité folle de Turner qui me fascine. Les artistes contemporain.es comme Célia Lees ou encore Marc Nucera sculpteur sur arbre… Les réalisations en céramique de Sandrine Derselle ou Florence Luchini avec ces émaux abstraits sont également incroyables. J’aimerai pouvoir réaliser de tels contrastes en tissages.

Mais plus que tout, c’est vraiment la complexité de la nature qui m’impressionne : elle est capable de tant de facétie, de beauté et de créations incroyables… Elle est une source d’inspiration infinie, une écorce d’arbre peut me triturer le cerveau pendant des jours.

©cosyjungle
©cosyjungle

De quoi suis-je la plus fière ?

De l’avoir créée cette boutique etsy qui m’a tant stressée.

L’avoir imaginé mon site internet dont je n’osais rêver.

Le commander ce sumup qui me facilite les choses.

D’être à jour dans la compta urssaf. De participer à ce marché de 3 jours. Bref…

C’est de m’être lancée, à chaque fois.

De l’avoir créé mon entreprise et de m’en occuper, vraiment.

Participer aux Jema 2023 aux Baux a été un grand bonheur. Devenir artisane d’art a été une immense joie, moi qui ne vient d’aucun réseau artistico-textilo-artisano-universitaire.

Avec le recul, j’ai réussi à taire mon syndrome de l’imposteur et d’oser être moi. Pleinement. J’ai encore beaucoup à découvrir et à imaginer, mais je sais que je suis sur le bon chemin. J’essaie en tout cas de garder le cap, car je sais pourquoi je suis ici.

Enfin, quel est le meilleur conseil que je vous transmettrais ? 

“Ta force est ta douceur” est un mantra qui m’a été dit par une amie il y a fort longtemps. Il m’a surpris me suis depuis, dans mon processus personnel et créatif.

Pour moi il évoque le “connais-toi toi-même“, attribué à Socrate : un vrai bon conseil à appliquer… Surtout, quand on est seule aux manettes.

Nous pouvons nous faire confiance, nous le devons.

Quand on se connait, on ose et on ne le fait sans animosité, sans vouloir prouver quelque chose à quelqu’un. Il n’est pas question de concurrence, ainsi, les rapports humains en sont simplifiés.

Il se trouve qu’on écoute aussi beaucoup mieux son prochain.

Et comprendre l’humain est un sujet qui me passionne totalement, c’est ce que j’essaie de retranscrire dans mes tissages.

Ce petit tour vous a plu ?

Grand merci pour votre lecture et à très bientôt !

2 Comments

  • Rose de Biboun

    Passionnant à lire, comme à chaque fois, tu as un vrai don d’écriture ! Les photos aussi sont sublimes. Merci pour cette présentation Candice.

    • cosyjungle

      Merci d’avoir pris le temps de “me” lire, Anne-Lise ! Et merci pour tes mots, je suis toujours très touchée : )

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