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Portrait d’Artisane : les Tampons de Rose de Biboun

Ce nouveau portrait d’artisane d’art n’est pas anodin : Rose de Biboun et ses tampons gravés sont bien connus par ici. Et pour cause ! Voilà deux ans que j’ai fais appel à Anne-Lise afin de réaliser les tampons sur-mesure dont je pourrai me servir au quotidien. Je voulais personnaliser mes sacs, cartes de visites et mes pampilles d’argile pour mes emballages.

Mais je souhaitais aligner encore plus mon packaging avec mes valeurs. Ma décision a donc penché en faveur de l’artisanat et du fait-main : c’est ainsi que j’ai contacté Anne-Lise pour qu’elle me réalise plusieurs tampons gravés. Elle grave absolument tout à la main, sa minutie est fascinante ! J’ai pu ainsi imaginer des tampons sur-mesure, de dimensions “hors norme”, reprenant mes logos sous diverses déclinaisons. J’ai même eu la possibilité de lui parler de mon projet d’imprimer sur de la terre, de l’argile etc. Elle a pu me proposer une gomme plus résistante et plus “dure” pour tenir le coup. Ce qui a été le cas !

Deux ans après, c’est l’expérience et le résultat qui parlent : mes tampons n’ont pas pris une ride ! Je ne suis pourtant pas la reine de l’entretien j’avoue… J’ai donc souhaité lui donner une belle place sur le blog car le talent d’Anne-Lise vaut le détour. Elle mets sont talent au service des entreprises et artisanes avec passion et grand professionnalisme. Vous pourrez vous en rendre compte dans le portrait qui suit mais également en visitant son compte instagram ou bien son site internet.

Bonne découverte !

Anne-Lise, avant toute chose, pourrais-tu te présenter pour celles et ceux qui te découvrent ?

Je m’appelle Anne-Lise, j’ai 44 ans, je suis mariée et maman de 2 ado-rables. J’habite dans le sud de la France. Je suis graveuse de tampons “officiellement” depuis juillet 2015, artisane d’art depuis 2019 . Je propose à la fois des tampons issus de mon imagination ou des tampons sur-mesure à la demande. Depuis 2023, je propose également une formation à la gravure de tampons.

Comment as-tu découvert cette fibre artistique et manuelle qui sommeillait en toi ? Comment s’est-elle révélée ?

Je ne sais pas si je l’ai vraiment “découverte” un jour. Je baigne, depuis toute petite, dans un univers où faire de ses mains est une habitude, une seconde nature. Ma maman peint et dessine, elle sait tricoter, crocheter, coudre, cartonner et j’en passe. Mon papa a aussi fait de l’aquarelle et adore la gravure. Il avait un grand établi de bricolage quand j’étais petite, joue de la guitare… Mes frères sont également “artistes” à leur façon (dessin, musique).

Bref, je pense que c’est dans mes gènes ! Mais je dirai qu’à partir du moment où j’ai pu découper, coller, apprendre à faire du macramé ou des bracelets brésiliens et surtout écrire, j’ai adoré encore plus faire par moi-même. Adolescente j’écrivais beaucoup de lettres et de cartes postales, j’adorais tout ce qui avait un lien avec la papeterie. Je me suis initiée à la calligraphie traditionnelle et japonaise par exemple. Je découpais des publicités pour faire des collages et évidemment j’aimais énormément les tampons !

Mes études ne m’ont pas menée dans un domaine très artistique. C’est surtout au moment des préparatifs de mon mariage que j’ai replongé dans la papeterie en créant mon faire-part, les marque-places, etc. J’ai enchaîné sur la création du faire-part de naissance de mon aîné. De fil en aiguille je me suis mise à distribuer de la papeterie aux copines qui m’en demandaient. J’ai ensuite été poussée par les mêmes copines pour créer encore plus, ouvrir un blog (mon premier remonte à 2008 je pense), partager mon travail.

Et c’est comme ça que Rose de Biboun est née. Mais au départ, c’était uniquement de la papeterie, du faire-part au plan de table de mariage, des invitations d’anniversaires aux cartes de vœux. 

Pourrais-tu nous parler de tes inspirations quand tu imagines de nouvelles créations ?

Mon inspiration a évolué depuis que j’ai débuté mais je crois que la Nature a toujours été au centre. A mes débuts je gravais beaucoup d’animaux très très simples notamment. J’ai débuté également en gravant des lettres (forcément quand on te demande de graver un nom de créatrice…!). Aujourd’hui, ce sont beaucoup mes clientes et les créatrices que je connais qui me fournissent l’inspiration. C’est comme ça que j’ai développé une large gamme de tampons pour les couturières, tous les arts du fil et du tissu, par exemple. 

En ce qui concerne ce que je crée (en opposition au sur-mesure), c’est essentiellement en fonction des saisons ou de mon environnement. J’habite en bord de mer :j’ai gravé des crabes et des étoiles de mer par exemple ! Cela dépend aussi des besoins que je peux pressentir dans mon activité. Les tampons incitant à recycler les emballages, les cartes de visite ou les tampons adresse par exemple… Cela peut venir également d’une envie liée à une lecture dans un magazine. Ou à une discussion ou à une idée “lumineuse” qui sort de nulle part. 

Si on pouvait résumer l’origine de mon inspiration, c’est un Besoin.

Le besoin de partager la Nature autour de moi.

Le Besoin de créer ce qui pourrait manquer ou faciliter la tâche de quelqu’un : tamponner directement des informations sur une création tissu plutôt que s’arracher les cheveux à trouver l’étiquette qui regroupera ces informations.

Le Besoin de transmettre un message (recycler quand on le peut, ne pas plier, etc.).

Le Besoin d’embellir avec un petit coup de tampon…

Tu graves des tampons qui peuvent être à la fois très grands, minuscules, aux formes simples ou encore avec une multitude de détails. C’est assez incroyable la façon dont tu arrives à graver si fin, à la main ! Comment se passe ton processus créatif ? Préfères-tu laisser libre court à ton imagination ou parvenir à réaliser un modèle complexe ?

Dans mon activité, je divise les tampons en deux familles : ceux que je crée et ceux qu’on me demande de créer. 

Pour les premiers, tout commence par des idées, des envies d’univers et des dessins à la main. J’essaie au maximum de ne pas biaiser mon regard ou mon trait en allant regarder “comment ça se dessine”. Mais par contre je peux dessiner de nombreuses fois une idée avant de tenir celle qui me convient. Ensuite je reporte ce dessin sur la gomme à l’aide d’un calque et je grave. Parfois il arrive que ce que j’ai dessiné est trop compliqué à graver. Si c’est un tampon que je souhaite mettre en vente ensuite, je vais potentiellement devoir graver plusieurs fois. Il m’arrive de le simplifier, de le modifier pour m’assurer qu’il ne me prendre pas un temps trop long à graver au regard du tarif prévu (oui parce qu’au final on doit aussi parler prix !).

Pour les seconds, je dois imprimer le visuel en premier. C’est indispensable avant de dire à la personne si c’est faisable ou pas dans la dimension souhaitée. Il m’arrive d’accepter de gros challenges, que ce soit en terme de taille de lettres par exemple ou de dimension générale du tampon. Ce n’est pas parce que c’est tout petit que c’est plus dur qu’un très grand tampon ! Mais en tous cas plus il y a de fins détails et plus j’adore réaliser le tampon en question !

En fait, plus j’avance en technique et en savoir-faire et plus j’ai envie de laisser libre court à mon imagination tout en réalisant “un modèle complexe”. Je n’ai pas encore sauté le pas, mais je rêve de réaliser des plaques très fournies en détails pour en faire des impressions.

Aujourd’hui « Rose de Biboun » avec tes gommes roses sont ta marque de fabrique ! Qu’est-ce qui t’attire le plus dans ce champs créatif de la gravure ? comment l’as-tu découvert ?

Oui, alors d’ailleurs, cette gomme rose que j’adore, a sa “cousine” en bleu. Toutefois, j’ai toujours du mal à proposer mes tampons dans la version bleue : comme si j’allais perdre les gens en changeant de couleur de gomme ! 

J’ai découvert la gravure sur gomme au détour d’un challenge lancé sur un blog en 2013 je crois. Il fallait réaliser en tampon un souvenir de lecture d’enfance ! Je n’avais sous la main que des “fausses gommes” d’écolier (des trucs en plastique qui ne gommaient même pas le crayon !) et un cutter tout à fait basique. J’ai gravé Jean de la Lune (de Tomi Ungerer), un de mes livres préférés ! Et comme alors je faisais beaucoup de scrapbooking et que pour cela il faut des tampons, je me suis mise à imaginer pouvoir graver tout les motifs ou mots qui manquaient à ma collection de tampons !

C’est ça qui m’a attirée le plus au départ : me dire que s’il me manquait un tampon, je n’avais qu’à le graver. Plus besoin de passer par la case “faire les boutiques de loisirs créatifs” (en nombre quasi inexistant chez moi à l’époque). Et ensuite, il y a le côté détente et méditatif de la gravure. C’est addictif !

Était-ce une évidence de créer ton entreprise au moment d’imaginer tes études, par exemple ? Peux-tu nous partager ton parcours de vie ?

Absolument pas ! J’ai fait 6 ans d’études de Droit, j’ai notamment un DESS Droit de la Consommation et de la Concurrence. J’ai travaillé plusieurs années comme Juriste en Cabinet d’Avocat. Je ne m’étais pas vraiment imaginée en Cheffe d’Entreprise ! Et le chemin pour y parvenir est semé d’embûches diverses. 

Après la naissance de mon fils aîné, à Lyon, j’ai démissionné pour suivre mon conjoint. Nous avons emménagé sur Agde (moi-même je suis originaire de Montpellier), j’étais alors en congé parental. Notre “projet de vie” avec mon conjoint n’était pas de mettre nos fils chez une nounou pour que j’aille travailler à 50 km tous les jours. Mais c’était très compliqué de trouver un travail identique pour moi. Donc j’ai enchaîné congé parental, période de chômage et 2eme enfant, toujours en créant de mes dix doigts lorsque je le pouvais. Et quand mes enfants sont rentrés à l’école, la question s’est posée de me remettre “vraiment” à travailler. J’avais le choix entre passer des concours administratifs (chose que je déteste) ou me lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat. C’était un peu à contre-courant des pensées de mon entourage à l’époque, il faut bien l’avouer.

Quel est le meilleur conseil que tu aies jamais reçu et que tu transmettrais volontiers à celles & ceux qui nous lisent ?

Alors c’est un conseil issu de mon expérience : il faut savoir s’arrêter, prendre des vacances et tout couper. Les premières années de mon activité, je n’osais pas m’arrêter. Je stressais de partir en vacances et de ne pas être derrière ma table d’atelier pour améliorer mon offre, créer encore, répondre immédiatement à la moindre demande. J’avais même peur de passer à côté d’une commande en levant le pied. Résultat, je ne m’arrêtais quasiment jamais. J’étais fatiguée, énervée de n’arriver à rien ou pas grand chose et ça n’avançait absolument pas comme je le souhaitais

Et spoiler alert, je n’avais pas plus de commandes ! En admettant qu’on a le droit de se reposer, on s’offre la possibilité de se ressourcer et de gagner en créativité. Et puis, les personnes qui ne savent pas attendre que l’Atelier rouvre ses portes ne seront jamais de “bonnes clientes”. 

Être artisan, je le répète souvent, mais c’est être humain. A nous de ne pas devenir des automates. Et si on a créé notre propre métier, notre propre entreprise, c’est aussi pour être un peu plus libre de ces carcans. Si les personnes qui font appel à un artisan ne se rendent pas compte qu’il y a un humain derrière, avec ses failles, ses emplois du temps, sa vie de famille et ses besoins : il vaut mieux qu’elles fassent appel à un robot (non, en vrai c’est à nous à leur apprendre qu’attendre, c’est possible)?

Avec ton expérience passée, quelle est la chose dont tu es la plus fière ?

Ne pas avoir baissé les bras à la création de mon Entreprise et persévérer, toujours.

C’est pas facile tous les jours. Surtout qu’on a de grands moments de doutes, des creux créatifs, les syndromes de la page blanche et de l’imposteur qui nous guettent. Je suis fière de savoir rebondir et d’avoir encore et toujours envie de continuer !

Enfin, aurais-tu un prochain projet à nous partager ?

Je vais participer fin février à mon tout premier Salon de Loisirs Créatifs (Agde -34-) ! Ce sera la première fois que je fais de la vente en direct de mes créations ! J’enchaîne la semaine qui suit, début mars, pour deux jours d’Ateliers au Salon Tendances Créatives Montpellier. On vient de me proposer d’animer des ateliers en médiathèque !

J’aime à dire qu’en 2024 “je sors de mon Atelier”. J’ai surtout envie (et besoin) de rencontrer du monde et de partager mon savoir-faire. Et au sein de l’Atelier même, j’ai une foule d’idées à mettre en place… Notamment mettre au point mon projet pour recycler mes chutes de gomme….

Merci Anne-Lise pour ton partage et à bientôt 🙂

Candice

Artisane d’art textile engagée

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