Blog

Portrait de créatrice : estampapier

J’ai toujours aimé le papier comme matériau, pour sa propriété à être protéiforme : il peut devenir très rigide, être très souple, flexible, prendre du volume, se plier, se colorier, se peindre, se coller… C’est une source d’utilisation et d’inspiration plutôt incroyable. C’est donc avec curiosité et surprise que j’ai découvert le travail d’Astrid, qui se joue du papier et de ses multiples capacités tant physiques que colorimétriques. Son travail, unique, n’est que poésie visuelle et se joue des couleurs comme du mouvement, je ne doute pas qu’il vous transporte à son tour…

Bonjour Astrid,

Pourrais-tu te présenter pour celles et ceux qui ne te connaissent pas ?

Bonjour Candice, je te remercie de me donner l’occasion de parler de mon activité artisanale, c’est toujours une joie de partager ma passion.

Je suis artisan et je donne vie au papier sous le nom d’Estampapier. Je suis aussi la femme de James Bond et mère de quatre adolescents. J’ai passé le demi-siècle et vieillir c’est prendre de la bouteille et se bonifier. Je créé des objets de décoration en papier plié et papier mâché et j’apporte poésie et légèreté dans les maisons. Je travaille essentiellement sur commande et chaque création est unique, les couleurs et les papiers sont choisi par mes clients.

Je propose des créations qui se suspendent au plafond, des diamants sous une branche ramassée en forêt, des Jours de Pluie qui dans la brise, murmurent la beauté du moment. Et ces coupes pétales en papier mâché à poser sur un meuble et qui peuvent servir de vide poche ou bougeoir. Tout est fait pour le plaisir des yeux.

Comment as-tu découvert cette fibre créative qui sommeillait en toi, comment s’est-elle révélée ?

J’ai grandi dans une famille d’artistes, élevée et éveillée au Beau et j’ai naturellement pris le chemin d’une école d’Arts graphiques et Publicité. J’ai toujours été très manuelle et je dessinais beaucoup. Avant de découvrir l’origami, je peignais et dessinais beaucoup, j’ai aussi cousu et j’aime les tissus mais le papier m’a offert plus de possibilités que le tissu et ce sont les rencontres qui m’ont dirigé vers le papier.

Saurais-tu nous dire pourquoi tu as privilégié cette technique autour du papier, plutôt qu’une autre ? Comment cette technique et ce matériau sont venus à toi ?

C’est une rencontre qui a donné une nouvelle direction à mon activité. Il y a plus de dix ans je rencontrais Ryoko une jeune japonaise tout juste arrivée du Japon et ne parlant pas un mot de français ni d’anglais. C’était au square, nos enfants étaient encore jeunes. Nous avons sympathisé, nous sommes devenues très proches, Ryoko a pris des cours de français et nous avons pu échanger sur nos cultures si différentes. Grâce à elle et mon amie Julia (franco japonaise) j’ai aussi découvert la communauté japonaise de Compiègne, formée de plusieurs jeunes familles, toutes désireuses de mieux connaître la France et ses coutumes.

Royko m’a initiée à l’origami que je ne connaissais pas. J’ai fait mes premiers pas sous sa tutelle. J’y ai vite pris goût et j’ai commencé à plier plier plier… Le papier que j’avais toujours connu à plat, prenait vie et les plis m’enthousiasmaient. Par la suite, le papier washi a été le coup de foudre de ma vie. Ce papier fabriqué au Japon artisanalement avec des fibres de mûriers et qui a une souplesse et une richesse de motifs incroyable.

Par la suite j’ai associé les branches d’arbres à ma création phare, la suspension de diamants. Nous sommes entourés de forêts et la nature est omniprésente à Compiègne, j’ai voulu associer cette forêt à mes créations. Je vais régulièrement marcher en forêt y dénicher la branche qui fera une suspension unique.

Avant de donner plus de place à cette activité artistique et créative, quel a été ton parcours scolaire, ton parcours de vie ? Te prédestinais-tu à cette vie d’entrepreneuse ?

Avant de me lancer dans cet l’artisanat, j’ai eu un parcours riche en activités et en rencontres. Je suis sortie du parcours scolaire à la fin de la seconde, cela faisait trop d’année que je traînais d’une classe à l’autre avec désespoir . J’ai eu la chance de trouver une école d’art graphique qui acceptait les étudiants sans le bac et après 4 ans d’études où j’ai été vraiment heureuse, c’est la première fois que je trouvais le goût du travail acharné, j’étais enfin à ma place.

Après avoir fait un stage dans l’agence RSCG, j’ai compris que le milieu de la publicité n’était pas pour moi et j’ai décidé de ranger mes pinceaux et partir à la rencontre des hommes et des femmes rejetés par la société, parce qu’ils sont pauvres. Quatre ans plus tard après avoir habité à Londres puis à Rome au milieu des plus pauvres, le cœur transformé par les richesses que j’avais reçues, je suis revenue à Paris et j’ai retrouvé mes pinceaux pour me lancer dans l’illustration.

Quelques années plus tard, j’ai rencontré James Bond, celui qui allait me faire quitter Paris que j’aimais tant pour découvrir la vie en province. Ne trouvant pas de travail, je me suis arrêtée pour m’occuper des mes jeunes enfants (nous en avons eu quatre). Je me suis lancée dans la peinture sur tissu. Notre déménagement à Compiègne a été un tournant dans ma vie professionnelle. C’est grâce à Ryoko que j’ai découvert l’origami et que j’ai lancé ma petite entreprise Estampapier.

La vie d’autoentrepreneuse oblige à être une sorte de mélange entre Shiva et un couteau suisse ! Quels en sont les avantages et les inconvénients selon toi ?

Oui c’est exactement ça, je suis un couteau suisse, j’ai découvert qu’il fallait être à la fois artisan, responsable en communication, comptable, patron et salariée avec beaucoup de souplesse dans les heures de travail. Je ne pensais pas être capable de faire tout ce que je fais et même s’il y a des choses que j’aime moins faire (comptabilité, payer mes impôts et l’informatique), je suis heureuse de pouvoir maitriser un peu chacune de ces multiples facettes.

L’avantage c’est que c’est enrichissant et on se découvre des capacités insoupçonnables. L’inconvénient c’est qu’on peut se disperser et parfois perdre le fil, il faut donc de la rigueur !

Que retiens-tu de cette expérience et quel est ton prochain challenge ?

Je ne changerai d’activité pour rien au monde, c’est un vrai bonheur que d’être son propre patron, mon activité n’a fait qu’évoluer et je trouve un vrai plaisir à travailler seule dans mon atelier. Je n’ai pas d’autre challenge que celui de pouvoir continuer à travailler ma passion le plus longtemps possible.

Quelle est ta plus grande fierté ou ta plus grande réussite (une création, une rencontre, un événement de vie…) ?

Ma plus grande fierté est d’avoir passé quatre ans avec les plus démunis qui m’ont tant apporté, c’est une richesse incroyable. Cela n’empêche pas que je sois aussi très fière de mon parcours depuis 10 ans, de mon activité qui grandit doucement où je m’épanouis et qui me permet d’être présente pour mes enfants et mon mari.

Enfin, quel est le meilleur conseil que tu aies jamais reçu et que tu transmettrais volontiers ?

Je n’ai pas l’habitude de donner des conseils, mais si je regarde mon parcours, je dirai qu’avoir confiance en soi est la base pour se lancer dans l’entreprenariat et savoir s’écouter et accueillir les rencontres et les évènements qui nous font avancer. Les expériences qu’elles soient positives ou négatives sont toujours enrichissantes.

Mille mercis pour tes réponses Astrid et à très bientôt : )

Retrouvez le travail d’Astrid sur son site et sur son compte Instagram !

7 Comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *